Monsieur le Prébilan, c'est l'heure du sident - Part.2 - Juillet 2012

Après ce réveil cétacesque, nous reprenons notre chemin direction Tadoussac. Notre route est malheureusement ralentie par les paysages alentours, qui s’évertuent à donner dans le magnifique, et nous forçant à faire des pauses photos régulières. 

Pauses appréciées à leur juste valeur par Romain, apparemment.

On pousse le flânage jusqu'à se détourner complètement de la route de Tadoussac, et on remonte la rivière du Saguenay vers l'Ouest, par la rive sud. Bien nous en prend, puisqu'on tombe sur un point de vue de presque 30 km sur le fjord formé par la rivière.

Mais la bagnole, ça va bien 5 minutes, et on décide de se dégourdir les jambes pour aller arpenter des sentiers bucoliques parcourant des forêts très bucoliques, bordant des rivières extrêmement bucoliques, et débouchant sur des villages abradacabrantesquement bucoliques. A noter que la vue dudit village a été utilisée sur les billets de 1000 dollars canadiens dans les années 1920.

Là encore, bonne pioche, puisqu'en fin de promenade (bucoliquissime, je rappelle), on débouche sur un point de vue assez majestueux sur le fjord. En voilà une belle occasion de s'amuser avec les filtres de couleur de l'appareil photo, se dit alors petit Mathieu.

Lassés du bucolisme, nous enfourchons notre fidèle destrier et arrivons en fin de journée à Tadoussac, le spot à baleines du Québec. A tel point que sur la barge nous menant à la ville, des bélugas (baleines blanches d'une taille de 8 ou 9 mètres, peu farouches, et raisonnablement bucoliques) viennent nous souhaiter la bienvenue. On se couche à l'auberge devant un concert, fêtant mes frais 27 printemps avec une bière au clair de lune.

Belle journée, qu'on peut résumer en une expression.

La journée suivante a été principalement consacrée à la recherche de baleines sur un kayak de mer. Pas de photos (embarquer les appareils dans de frêles embarcations de fortune alors que la mer déchaînée nous bringubale impitoyablement comme de vulgaires fêtus de paille avec des creux d'au moins 15 cm n'était pas envisageable), mais un passage d'un rorqual d'une dizaine de mètres à une dizaine de mètres de nous nous reste imprimé dans le cerveau. W O W.

Trempés, mais ravis, nous reprenons la route, vers l'ouest cette fois, remontant le fjord du Saguenay par la rive nord, à la hauteur de sa soeur sud au niveau paysages.

Nous arrivons dans le gîte réservé pour la nuit. Les points de vue alentours restent du même tonneau.

Étant d'intrépides aventuriers dans l'âme (vous pouvez rire, je suis loin, je ne vous entends pas), on décide de s'attarder un matin dans le plus gros accrobranches du Québec, histoire de perdre un peu les calories accumulées depuis le début du road-trip. Sous la pluie, sinon c'est pas drôle. 

Rassasié en émotions fortes (et situations ridicules, pendus à bout de bras à une potence, les jambes moulinant désespérement le vide, braillant maman entre deux sanglots), on s'attarde un peu dans un refuge pour oiseaux. Les photos de l'ornithologue en chef (j'ai nommé Romain Lafay) parlent d'elles-même.

Extrémité ouest du parcours, le lac Saint Jean, au coeur du Saguenay. Une petite mer intérieure (1 000 km carrés). Mais pas grand chose autour, à part une réserve indienne (Mashteuhiatsh), avec ses sympathiques habitants non alcooliques et non drogués. Nous repartons avec un non-impression de mal au coeur, dans cette non-belle fin d'après-midi.

On arrête pour la dernière nuit en région par le gîte le plus paumé et le plus accueillant du voyage : chez Monique (ça ne s'invente pas), avec petit tour en barque pour saluer le crépuscule. La soirée se termine par des discussions houblonnées autour d'un feu, à côté du gîte, en regardant les étoiles. Oui, émigrer au Québec n'est pas tous les jours facile, mais on arrive à s'en accomoder.

Dernier jour consacré à la visite du village de Val Jalbert, appelé le village fantôme, en raison de l'arrêt brutal de l'activité à la fin des années 1920. Le village étant situé à proximité d'une chute d'eau de taille non négligeable (c'est très à la mode par ici), le site a été exploité au niveau industriel pour la fabrication de papier à partir de la fin du XIXe siècle. L'activité a vite fleuri, provoquant un afflux massif de familles venant s'établir tout autour de la chute. Le village était constitué quasi uniquement de travailleurs à l'usine de pâte à papier, et était entièrement autonome (services d'école, de soins, de vie quotidienne propres au village).

Mais l'apparition d'un nouveau procédé rendant obsolète l'usine signe l'arrêt de mort du village. Sans emploi, la population vide les lieux précipitamment, laissant les installations sur place, et abandonnant les maisons, qui s'écroulent peu à peu sous le manque d'entretien. 

Le village est resté vide pendant plusieurs dizaines d'années (d'où son surnom), mais il est utilisé aujourd'hui comme mémorial, avec visites libres des maisons refaites comme à l'époque, funiculaire vous évitant 4 marches pour arriver au sommet des chutes, et mise en scène pas du tout pittoresque de la vie d'antan. Kitsch, mignon, à chacun son opinion.

À noter que la présence de chutes d'eau semble entraîner une régression inquiétante du niveau ambiant de l'humour. Ou alors dites tout de suite que c'est moi.

Notre belle boucle terminée, le retour vers Montréal pouvait se faire, avec un petit crochet par le festival d'été de Québec, envahis par des hordes fluos de très bon goût (concert de LMFAO lors de notre passage...). Pas de photos, ce blog a une éthique, messieursdames.

Quelques jours de repos sur Montréal, un passage dans une très mauvaise pizzeria, et c'est déjà l'heure du départ pour les visiteurs, que j'espère heureux de leur séjour.

Pour ma part, je me consacre alors à la recherche de boulot, mais tout ça a déjà été raconté un peu plus bas.

S'en est suivi une période plus studieuse, et beaucoup moins photogénique (prendre en photo des courgettes, ou des plats de homards est assez peu sexy pour tenir un public en haleine, convenons-en). De plus, ayant bossé comme un taré pendant cette période pour remettre mes finances à flot, je n'ai pris que très peu part aux festivaux estivals montréalais, d'où une absence de photos d'une part, et l'envie de me venger l'été prochain d'autre part.

La suite de l'été bientôt.